J’aime quand les choses avancent. Je suis généralement en train de faire plein de trucs en même temps (sauf écrire, je ne peux écrire qu’une histoire à la fois).

Comme c’est le cas pour tout le monde, il arrive que des imprévus m’empêchent d’avancer rapidement. Ça me bloque. Ça m’obilge à m’arrêter.  On dira que ce sont des petits cailloux dans les chaussures. C’est vrai pour l’écriture, mais pour plein d’autres choses aussi (je suis une moins bonne prof, épouse, mère, etc.) Un petit caillou, ça passe. Plusieurs… c’est désagréable. Il faut s’arrêter pour les enlever. C’est un peu ce qui mine le moral. Ça n’empêche pas d’avancer, mais ça agace, ça ralentit, ça donne parfois envie de s’arrêter, même si on sait que c’est temporaire.

Un peu de fatigue? C’est possible.

Depuis quelques semaines, j’ai la sensation que les petits cailloux s’accumulent dans mes chaussures. Dans mon infolettre de février, j’ai parlé de ce refus de manuscrit à la dernière minute. Ce n’est rien de grave, je sais quoi en faire, mais ça reste un irritant. Ça laisse un goût amer. Un sentiment d’échec. Pourtant, il n’y a rien de personnel à ne pas rentrer dans une case éditoriale. Hormis ce refus, notons les considérations physiques: la fatigue accumulée par deux salons dans des temps rapprochés. J’adore ça, mais ça draine, surtout quand on combine ça avec le travail et la vie de famille.

Je suis du type casanière, toujours en pyjama.
(Et je ne suis plus jeune non plus hahaha)

Parfois, ce sont des 2×4 (des blocs de bois pour les frenchys) qui nous tombent dessus. Je dis toujours que la vie envoie des épreuves, des 2×4 qui nous rentrent dedans et nous forcent parfois à arrêter. Ça nous oblige à poser un genou sur le sol, à pleurer un coup. Ça nous ralentit plus longtemps, évidemment. Et la route est plus difficile à reprendre, après l’épreuve.

Il ya quelques jours, mon frère est décédé, sans préavis. Je n’en ai parlé à personne, parce que nous n’étions pas proches. J’en veux pour preuve que ça fait presque 25 ans qu’on ne se parlait plus. C’était un homme colérique, peu fiable, menteur, bref… peu importe. Ça reste le portrait d’un homme que j’ai connu il y a 25 ans. Qu’est-il devenu? Je ne sais pas. Une chose est sûre, je ne souhaitais pas sa mort. Et même si on ne se parlait plus, ça m’a fait un choc. On dirait que ça me rassurait qu’il soit vivant, quelque part. Comme un lien invisible dans ce chaos. Lien qui n’exite plus, maintenant.

Bref, que ce soit les cailloux ou les 2×4, parfis, il fait bon de s’arrêter. De pleurer. De prendre son temps pour se relever.

Tout n’est pas une course, après tout.