Longtemps, j’ai cru que mes textes ne cadraient nulle part. À l’époque, je me disais qu’ils n’abordaient pas les thèmes « à la mode » ou parce que je n’utilisais pas le point de vue qu’il fallait. Je me souviens, quand j’ai envoyé mon premier manuscrit dans plein de maisons d’éditions, tous les refus sont tombés. Cependant, une éditrice avait tenu à me rencontrer pour me parler de mon texte et j’ai eu droit à un parrain d’écriture grâce à la sélection de parrainage avec l’UNEQ.  Dans les deux cas, ce qu’on m’a dit ressembles à: si tu enlèves le fantastique et que tu orientes davantage tes personnages dans ce sens, ton histoire pourrait marcher. C’est ça que le marché veut.

C’est là que j’ai eu le déclic.

Peut-être que d’autres auraient pris ce conseil pour de l’or en barre et auraient rectifié le tir de leur roman. Moi, pas. Ce jour-là, chéri m’a posé la bonne question: « Veux-tu vraiment écrire ça? ». J’y ai songé environ… 20 minutes et la réponse a été claire: non. Oh, je ne vous le cache pas, ça a été un petit deuil. Du genre: ce que je fais, ça ne se publie pas, ouinnnn… et puis bon… qu’est-ce que je fais? J’arrête d’écrire? NON.

En fait, c’est aussi là que j’ai compris que, pour moi, écrire valait plus que le reste. Plus que regarder la télévision, plus que publier. C’était ma passion et mon havre de paix. Hors de question qu’on me dise quoi faire dans cette sphère qui n’appartenait qu’à moi. De ce fait, pendant trois ans, je n’ai plus rien envoyé. Par contre, j’ai écrit. Beaucoup. J’ai lu aussi. Pourtant, il m’arrivait régulièrement de rester sur ma faim quand je lisais des romans édités. Or, c’était censé être ce qui marchait et ce que les gens aimaient. Moi, je ne faisais que de la sous-littérature, de la romance, du fantastique… tout ça quoi. Et alors? Je ne pouvais pas écrire autre chose. Et pour être honnête: je ne ne le voulais pas.

Et puis soudain, des maisons d’éditions en romance ont commencées à voir le jour. Des nouvelles maisons, puis des grandes s’y sont mises (enfin!) Oui, Harlequin a commencé à accepter des romans francophones grâce à son nouveau volet numérique; puis Milady a fait un concours de romance. Bref, du jour au lendemain (ou presque), voilà que ce que j’écrivais « entrait » dans une case et que des éditeurs en voulaient. La chance? Le bon moment? Je ne sais pas. Peut-être. Une chose est sûre, quand c’est arrivé, j’avais les tiroirs plein de manuscrits. Et depuis, je publie…

Quoi qu’il en soit, la roue tourne. La mode change. Aujourd’hui, je suis contente d’avoir persister dans « mon erreur ». J’aime toutes mes histoires, même celles dont j’étais persuadée que personne n’allait vouloir. En réalité, il suffit parfois de placer une histoire quelque part pour que les autres trouvent preneur. Ce qui compte, c’est de persister à écrire et à aimer nos histoires. Il faut apprendre à être patient, à laisser dormir nos manuscrits, à les revisiter de fond en comble au besoin (surtout les premiers). C’est le meilleur moyen de ne pas perdre son temps ou de regretter celui qu’on met dans tous ces projets.

Avec le recul, je dirais même que: si la publication est notre seule motivation, c’est vraiment là qu’on est à côté de la plaque.