Souvent, en salon, j’explique que mes romans se construisent généralement autour d’une scène. LA scène. Par exemple: une collision frontale qui transorme une vie, une femme qui promène un poussette vide, une horloge cassée en métaphore d’une vie qui ne tourne plus rond, etc. Ces scènes ne sont pas nécessairement reproduites dans le roman qui se met en place, mais elle sert de moteur à l’écriture. C’est ma méthode. Je ne sais pas faire autrement.
En vérité, cette scène détermine l’ensemble du roman. Pour y arriver, il faut tels personnages, telles situations, telles répliques. Ou alors, c’est à cause de cette scène que les personnages sont rendus comme ceci ou comme cela. Bref, c’est le soleil autour duquel le monde que je construis va graviter.
Évidemment, c’est plus simple quand la scène s’est produite avant l’histoire que je raconte et non pendant (on doit la raconter, mais pas nécessairement la vivre). Mais quand il faut le faire, quand tout me pousse à écrire cette scène, le jour où je suis forcée de la sortir… je ne vous dis pas la pression! On dirait qu’elle doit être parfaite!
Arg!
Bref, je suis rendue à cette scène. J’ai écrit 60 000 mots ce mois-ci, mais ça fait deux jours que je n’écris rien par crainte de rater LA scène. Celle qui doit être parfaite. Enfin… autant que faire se peut.
Donc… oui, ça me fait encore ça, même après 50 romans. Même après 37 publications.
Il faut juste apprivoiser sa muse et lâcher prise quand il faut plonger.
Toujours se rappeler que fait vaut mieux que parfait. Après tout, on pourra toujours améliorer tout ça plus tard.
Allez, j’y go!