Souvent, j’ai envie de faire des billets de blogue sur ce que je pense du monde éditorial. Pas seulement les écrivains, mais sur les éditeurs ou sur le processus d’écriture, voire de publication. Le souci, c,est dès que j’écris mes idées, j’arrête tout. Même si c’est mon blogue, mais j’ai parfois l’impression que les écrivains cherchent des recettes toutes prêtes. Et ça, pour moi, ça n’existe pas.
Je l’ai dit un million de fois déjà, mais chaque parcours est différent. A n’égale pas B. Toutes les histoires et tous les écrivains ne peuvent avoir le même cheminement, c’est impossible. Après… il reste quand même certaines choses dont je suis plutôt sûre dont une que je partage sans hésitation: le pire défaut d’un écrivain, c’est l’impatience.
N’allez pas croire que je ne comprends pas le sentiment, bien au contraire! Je suis d’une nature tellement impatiente que je fais toujours trois choses en même temps (ou presque). Sauf que… pour certaines choses: la patience reste de mise.
Je vais d’abord m’adresser aux « jeunes » écrivains, parce que je sais que, de l’autre côté de la barrière, on a parfois l’impression que les choses se font rapidement de ce côté-ci, mais c’est faux (lire à ce sujet L’espace-temps éditorial…). Si jamais le moment entre la prise du manuscrit et la publication est rapide, pour ma part, c’est souvent très mauvais signe (c’est-à-dire: mauvaise maison, mauvaises corrections, etc.) On ne le dira jamais assez: publier un roman, c’est environ un an, sinon deux. Et c’est rempli d’étapes très très longues. De ce fait, quand le roman existe, on est déjà dans une autre histoire (voir dans deux ou trois).
Mon conseil (celui qui énerve, vous savez? et que personne ou presque n’écoute): attendez avant de publier. Le premier manuscrit est rarement bon (oui, même si tous vos amis disent l’inverse). Aussi: apprenez à connaître la maison où vous proposez vos manuscrits. Lisez leurs textes. Voyez si vous aimez ce qu’ils font, parlez à beaucoup de leurs auteurs. Si vous n’avez pas le temps / l’intérêt de le faire, vous n’êtes pas prêt. Un contrat d’édition, c’est comme un mariage – voir plus long. Quand quelque chose ne va pas, le divorce est compliqué. Inutile de dire à quel point la relation peut devenir difficile. Et même si beaucoup y croient, publier dans une mauvaise maison (ou s’autoéditer) n’aide pas à monter les échelons vers une meilleure maison. Ce qui fonctionne, par contre, c’est un bon manuscrit. De ce fait, à choisir entre la voie express de la mauvaise maison ou la voie lente qui consiste à bosser son manuscrit… devinez ce que je propose?
Bref: quoi faire si on a un premier manuscrit sous le coude? Le conseil ennuyeux, celui que personne ne veut lire: laissez-le dormir quelques temps. Si possible, écrivez une autre histoire pour pouvoir vous vider la tête de celle-ci et revenez la lire plus tard. Beaucoup plus tard. Si vous l’aimez encore (sans avoir tout démonté dans la relecture), c’est le temps de le faire lire à des gens de confiance. Il y a des forum et des sites pour ça (mais c’est donnant-donnant. Ouais, sans boulot, point de salut). Et après? Viser 2 ou 3 éditeurs. Des bons. Qui éditent ce que vous faites (quand même!) et dont les publications vous plaisent (oui oui, il faut lire!)
On ne se mentira pas: c’est long. C’est même une attente affreusement interminable. Mais vous savez quoi? Ça vaut le coup. Une maison d’édition, c’est d’abord une maison. Il faut s’y sentir bien. Prenez le temps de bien faire les choses. Plus on est impatient, plus on risque de faire des erreurs et de le regretter plus tard..
Bon, eh bien… comme je suis de nature impatiente, je vais essayer d’aller me calmer, moi aussi! Hé ouais, parce que… je l’ai aussi, ce défaut!