Il y a quelques mois, mon fils m’a accusé de ne pas être une bonne mère. Imaginez la scène: en pandémie, écoles fermées, j’enseigne à distance, j’essaie de limiter son temps d’écran, je ressemble à une pieuvre dans ma cuisine. Il a monté le ton parce que je ne regardais pas ce qu’il faisait et là… PAF! La phrase est sortie: « tu n’es pas une bonne mère ». J’étais choquée. Peinée plus qu’en colère. Assez pour que mes yeux se remplissent d’eau, ce qu’il a remarqué. J’ai songé à crier, je l’ai peut-être même fait, je ne sais plus, mais je lui surtout demandé d’aller réfléchir dans sa chambre.
J’étais découragée. Sa phrase m’avait tellement fait mal! Je me suis sentie croche pendant tout le reste de la journée. J’étais épuisée. C’est vrai que je ne lui ai pas donné le temps dont il avait besoin. Chéri a cherché à me rassurer, il m’a certifié qu’on y passait tous, mais c’était quand même douloureux.
Deux jours plus tard. Nouvelle dispute, même phrase. Nouveau choc, mais constat différent. Mon fils a compris que ses mots m’avaient blessée, il les a donc réutilisés contre moi. Comme une arme.
Souvent, on cache nos émotions pour éviter que les autres nous blessent. La vulnérabilité nous expose. Ç’a un côté terrifiant, oui, mais dans un monde de plus en plus formaté, qu’on voit plus souvent dans nos écrans que par nos yeux, ça permet de s’émouvoir. Les émotions, c’est ce qui nous rend humain. C’est ce qui nous permet de vivre ensemble et de construire des ponts vers les autres.
Je n’ai pas choisi la romance sans raison. J’aime jouer avec les émotions, provoquer de la tristesse, de la colère et de l’amour. Je franchis l’intimité de mes lecteurs. J’explore les territoires pour voir ce qui touche, ce qui bouleverse, ce qui dérange. J’y mets mon coeur, mes doutes, mes craintes. En contrepartie, il y a des gens qui m’écrivent pour me dire ce que mes textes ont provoqués chez eux, combien ils ont aimé mon Elina, ma Charlotte ou ma Marianne. Les émotions peuvent être une arme, oui, mais elles peuvent aussi rapprocher et construire des ponts. Et ces temps-ci, je crois qu’on a bien plus besoin de ponts que d’armes.
Allez, baisse ton armure!
(texte réalisé pour le #defibrutal no 2, publié sur instagram)
#defibrutal