Il y a deux ou trois jours, j’ai réalisé que j’allais terminer un roman. Un roman dont je peux enfin parler ici. En fouinant dans mes documents, j’ai réalisé que la dernière fois que j’ai pu dire un truc pareil, c’était en 2013. Depuis, je n’ai écrit que pour mon pseudonyme. Bref, il était temps! C’était d’ailleurs ma résolution de cette année, de boucler quelque chose de ce côté-ci. Alors voilà, c’est fait. Cœur de verre est terminé, et il exige déjà une suite.
Pour les curieux, ce roman traînait dans mes tiroirs depuis 2012. C’est une histoire de deuil. pratiquement un huit-clos, entre Samuel, qui tient une dizaine de chalets en location autour d’un lac; et de Marianne, une femme mariée dont la vie dérive depuis la mort de sa petite fille. C’est une histoire dure et douce à la fois. Pas toujours évidente, mais qui fait du bien (enfin, elle m’a fait du bien, à moi, c’est l’essentiel). Une histoire de mal de vivre, d’adultère aussi. Mais comme je suis chouette, je vais écrire l’histoire de Charles, le pauvre mari abandonné. Il va en baver un peu, mais il devrait s’en remettre.
Le titre est probablement à revoir, mais j’ai beaucoup travaillé autour de la bulle de verre dans laquelle nous vivons tous. Marianne a l’impression que sa vie n’est qu’une illusion et qu’elle doit briser cette bulle pour retrouver sa liberté. À 36 ans, elle se sent vieille, et c’est un jeune de 25 ans qui va l’aider à se remettre de son drame.
Et voilà! Un nouveau roman va rejoindre mes tiroirs. Et de mes épaules, cela fait un poids de moins!
Pour le plaisir, un extrait:
Aussitôt, il se mit à courir en direction de son chien en lâchant un rire.
— Mouki ! Non ! Pas sur la glace !
Je cherchai le chien du regard, constatai qu’il faisait ses besoins directement sur le lac gelé. Dans son empressement à venir le rejoindre, Samuel glissa et reprit prestement son équilibre, ce qui me donna envie de rigoler comme une idiote.
— Je discutais de choses sérieuses, là ! se plaignit-il en direction de l’animal. Tu ne pouvais pas attendre dix minutes ? Ou faire ça sur la plage ? Tu sais que tu pourrais te casser une patte ? Ou pire… je pourrais me casser une jambe ! Tu serais bien avancé, tiens !
Arborant un air piteux, le chien attendit pendant que Samuel sortit un sac et ramassait ses besoins. Il perdit de nouveau l’équilibre et dut se retenir par terre avec une main. Et moi, sur le rivage, je l’observais en sentant un rire remonter dans le fond de ma gorge, mais comme je le retins, j’affichai un sourire idiot. Samuel tourna la tête dans ma direction et fit mine de me disputer :
— Évidemment ! Toi, tu te rinces l’œil et tu me laisses me démerder !
— C’est le cas de le dire, confirmai-je en sentant ma voix trembler, pleine du fou rire qui cherchait à quitter mes lèvres.
Mouki s’était remis à courir sur la plage pendant que Samuel revenait en titubant sur la glace. Et moi, pour la première fois depuis des mois, j’éclatai d’un rire fou. Vrai, sincère, et tellement fort que cela résonna partout. Et plus je riais, moins je parvenais à contrôler ma réaction.
Lorsqu’il parvint à revenir devant moi, Samuel me regarda avec un air amusé.
— Ça va ? Tu te bidonnes ?
— Oui, admis-je en continuant de rire comme une idiote.
Il resta là, à m’observer pendant que je riais encore, incapable de m’arrêter. Au premier répit que j’eus, je lâchai, entre deux autres rires :
— C’est à se demander comment… t’es parvenu à… à me sortir de là.
Peine perdue, mon fou rire reprit et Samuel se mit à rigoler à son tour, puis tenta de justifier sa performance de la veille :
— Je n’ai jamais été très doué sur la glace, c’est vrai. Ça devait être l’adrénaline ou… possible que la glace soit moins glissante de l’autre côté. Mouki y va plus souvent, aussi…
— Ouais ! Autrement dit, c’est un miracle si je suis encore vivante !
Encore un rire. À croire que je n’en finissais plus de me moquer de lui. Je rigolai tellement que mes yeux se mirent à pleurer et que je dus les essuyer du revers de la main. Immobile, Samuel resta planté là jusqu’à ce que je cesse de briser le silence de mon rire ridicule.
— Ça te va bien… quand tu ris.
À bout de souffle, je posai une main sur ma poitrine et j’inspirai pour chasser ma réaction qui n’en finissait plus.
— Ça faisait des mois que… que je n’avais pas ri comme ça.
Prenant conscience de mes propres mots et du temps auquel ils référaient, ma joie fondit d’un trait.