Il fallait bien que je décide de rouvrir mes tiroirs dans l’espoir de relire mes vieux textes pour que le monde s’arrête.

Surtout que je suis retombée dans mon YA: Un baiser au goût de fin du monde.

Ce n’était même pas voulu.

J’ai lu la première moitié juste avant que tout s’arrête, et puis je suis (re)tombée amoureuse de mon histoire. Je dirais même: sous le choc d’avoir écrit un truc pareil, avec autant de thèmes complexes tissés ensemble et, ma foi, assez bien (je le dis avec fierté, ce qui ne m’arrive pas souvent).

Vers la moitié, je me suis arrêtée (et c’est là que vous verrez l’esprit tordu d’un auteur), et je me suis dit que ça n’avait aucun sens, la taille de ce pavé (je voudrais dire que c’est exceptionnel, mais en fait non, je fais toujours des textes trop longs), mais là… je ne pouvais pas couper. Vu tout ce qui est traité dans ce roman, c’était délicat de tirer sur un fil. Ça risquait de tout défaire. Alors j’ai coupé en deux, bam! Je savais que, dans la seconde partie, il y avait deux événements trop rapides, donc je me suis, ça va le faire.

Et puis la coupure… eh bien il fallait la faire. Un coup de ciseau ne fonctionnait pas. Il fallait revoir la fin du tome 1 (en espérant créer un clash, même si je ne suis pas toujours douée avec ça). Mais je l’ai fait. Yé! Sur le coup, j’étais fière de moi. Tellement que j’ai fermé le dossier du premier tome. Allez! hop! Toi, t’es prêt!

Et puis je suis repartie sur le second.

Ah. J’avais oublié que je devais écrire un nouveau début pour qu’il colle à ma fin précédente. Mode destruction. Mode reconstruction. On essaie de recoller des bouts de laine, surtout par crainte que ça s’effiloche. Hum… parfois, ça ressemble à une chirurgie. Ou pire! Il ne faut surtout pas couper le fil rouge!

J’ai buté 10 jours sur le chapitre 7.

10 jours durant lesquels je me suis dit: pourquoi j’ai coupé? C’est nul! Au secours! je veux tout jeter par la fenêtre!

Je me suis dit que j’allais tout arrêter. Que je n’étais pas prête. Que je n’aurais pas dû couper. Que j’ai fait l’erreur la plus monumentale de ma vie. J’étais en mode Calimero à crier « POURQUOI??? » sous la pluie! (C’est une image, évidemment)

Découragée, je suis allée lire plus loin. Et mon cœur a fait boum, encore. Mais un BOUM monumental. En CAPS LOCK et en gras.

Là, j’ai compris que je ne pouvais pas abandonner. C’était trop gros, trop fort, trop important. Pourquoi? Pour qui? Je m’en fous. Pour moi, ça l’était – c’était le plus important. Je suis donc revenue au chapitre 7. J’ai bidouillé quelque chose pour me rendre au 8e, juste pour sortir du trou. Juste pour que ça colle avec la suite. Épuisée, j’ai fait une pause.

Et puis… dans la foulée (pour vrai) j’ai reçu un retour de lecture qui avait pris son temps (le hasard fait si bien les choses, parfois). Un retour qui fait du bien, qui me confortait dans ma décision de lutter pour continuer à mener cette histoire au meilleur que je le pouvais, me disant qu’elle le méritait vraiment. Dans ce retour, on me disait aussi qu’à 2 endroits, c’était trop rapide (fiou, c’était dans la partie 2!) et qu’on pouvait couper dans un petit coin dans la première partie (yay!)

Alors je suis retournée au chapitre 1 de mon deuxième tome et j’ai tout repris sans songer à l’allonger. Juste pour le revoir. J’ai bidouillé ma coupure du chapitre 7, moins mauvaise que je le croyais, puis j’ai continué jusqu’à la fin, pour être bouleversée à nouveau par mes personnages. La claque! Petit moment de grâce: j’ai écrit ça? Moi? Impossible! Allez, je vais faire la danse de la joie avant d’aller pleurer un coup. Voilà. J’ai laissé germer tout ça.

Deux jours plus tard, j’ai vu les deux endroits à allonger dans ma tête. Je les ai retourné dans tous les sens. Je ne savais pas vraiment comment j’allais y arriver. Les fils étaient si serrés et si fragiles que je craignais de tout briser si je touchais à quelque chose. Puis la solution s’est tracée dans mon esprit. Je pourrais dire: comme par magie, mais en fait… ça tient plus du masochisme, à ce niveau.

J’ai copié mon tome 2. Je l’ai renommé, puis j’ai replongé. Cette fois avec une sorte de plan qui sort du flou un peu plus à chaque mot que j’ajoute ou que j’enlève dans le document. Je peaufine.

Si mon premier tome fait 65 chapitres et 90k – mon second en fait 41 chapitres et 65k. Le but: équilibrer un peu tout ça. Ajouter de la chair dans les bouts trop rapides, sans jamais perdre la voix et les émotions qui suivent mes personnages. J’aimerais dire que le confinement est parfait pour le faire, mais entre les cours, le gamin et le quotidien… c’est tout sauf évident. Mais je ne lâche pas. J’y tiens à ce roman. Et de plus en plus!

Et si le printemps m’a donné envie d’envoyer des manuscrits (4 ou 5, je ne sais plus), j’ai du mal à ne pas avoir hâte de vous montrer cette histoire.

Souvenez-vous de Justin et de Juliette. Mon premier YA. Ma petite histoire de fin du monde.28