Quand j’écrivais, adolescente, ma tante était ma première lectrice. Vous savez, le genre de tante que tout le monde aime, qui encourage tout le monde, qui écoute, qui aime sans restriction? C’était Lauza.
Quand je me suis mise à publier, elle avait sa bibliothèque personnelle, juste de mes romans. Je lui gardais des exemplaires. C’était ma seconde mère.
Un jour, elle m’a dit: « J’aimerais bien avoir une dédicace dans un de tes livres. Une vraie ». Ça m’a fait rire. Oh, je me promettais déjà de lui en faire une, dans un livre qui aurait eu un impact sur elle – Rêves, probablement, car elle me demandait souvent quand est-ce que j’allais m’en occuper, mais parfois, le temps nous prend de court…
Lauza était une femme d’exception. Pas juste à cause de sa bonté, mais parce qu’elle aimait passionnément la vie. Elle a eu un cancer du poumon, fait un crise cardiaque (à cause des traitements). Résultats: elle avait un cœur bien mal en point. C’est la première femme qui a eu un cœur mécanique au Canada. Elle s’est remise du cancer et a pu se faire greffer d’un cœur tout neuf. Je me souviens encore avoir été à son chevet alors que je portais mon fils, il y a six ans. Que d’épreuves pour une seule personne, hein?
Quand le cancer est revenu, en même temps que l’une de ses sœurs, elle s’est sentie coupable que le sien soit « opérable ». Une femme incroyable, qu’est-ce que je vous disais? Mais finalement, le cancer s’est précipité. Le temps de faire des tests, ce qui était opérable ne l’était plus.
En rentrant en palliatif, en septembre dernier, elle s’est excusée de ne plus avoir la force de se battre. Comme si on pouvait juger de sa performance sur la fin. Ironiquement, c’est dans ce même moment que les corrections du tome 3 d’Alice me revenaient. Son titre: Une femme inoubliable. Ça ne s’invente pas. Inutile de dire que la dédicace m’est apparut clairement, ce soir-là.
Bon anniversaire, Lauza. Dieu sait que je ne me suis souvent trompée de date. Mais cette fois, je n’oublie pas.
Je n’oublierai plus.