Il y a pas mal d’années, j’ai fait une fausse couche.

Je ne te mentirai pas, ç’a été un moment difficile. Nous étions tellement heureux à l’idée de devenir parents, alors… la chute a été dure. Vraiment dure.

Comme si ça ne suffisait pas, ç’a a pris un temps fou avant que je retombe enceinte. De ce fait, quand c’est arrivé, j’ai ressenti de la joie, c’est vrai, mais surtout: de la peur. Vu ce que j’avais vécu, je savais ce qui pouvait se passer et j’étais terriblement anxieuse à l’idée de revivre ça.

Qu’est-ce que j’ai fait? J’ai tempéré ma joie, juste au cas où ça ne marcherait pas. J’ai pris du temps avant de l’annoncer. Avant d’y croire. Avant de savourer ce bonheur que j’attendais depuis pourtant vraiment longtemps. Je crois que j’ai été soulagée au bout du 5e mois, quand on a eu la double confirmation que tout allait bien.

Bref, ça m’a pris plus de la moitié de ma grossesse avant d’en profiter vraiment.

Avec le recul, je regrette de ne pas avoir savouré davantage de ce bonheur-là. D’avoir attendu. Pire encore: de l’avoir étouffé juste au cas où ça ne fonctionnerait pas. Comme si les épreuves étaient plus douloureuses quand on est heureux.

C’est faux.

Certes, quand on s’attend au pire, on est moins surpris. De ce fait, la chute nous paraît moins drastique. Mais la douleur? J’en doute.

En vérité, il n’y a rien de plus terrible que de perdre une miette du bonheur duquel on ne profite pas, parce que cet instant-là est définitivement perdu. Quant à l’épreuve… eh bien… elle va venir quand même! Qu’on soit heureux ou non. Faut-il toujours manger tiède par crainte de se brûler? Encore là, j’en doute!

Pourquoi est-ce que je vous raconte ça? Je vous explique…

Quand j’ai commencé à publier, c’était génial. Tenir son livre, faire des salons, rencontrer des gens, parler de ses histoires et de ses personnages… wow!
(note: c’est toujours aussi génial)

Mais à un moment, j’ai beaucoup publié, et pas toujours dans de bonnes conditions. Parfois avec des délais compliqués ou avec des éditeurs qui manquaient de professionnalisme. Bref, au bout de deux années intenses, j’ai constaté que le plaisir n’y était plus. Qu’à force d’encaisser la pression des éditeurs, ça minait le plaisir que j’avais à écrire et à publier. Or écrire… c’est ma bulle de liberté.

Alors j’ai pris une pause (de 18 mois) afin de me concentrer sur ce que j’aimais vraiment: l’écriture. Et j’ai beaucoup écrit pendant cette période. Beaucoup. BEAUCOUP!

Il y a trois semaines, quand j’ai reçu mes exemplaires (celles de Liz élue divine et celles d’Au-delà des convenances), j’avoue que j’étais contente. Vraiment contente. Assez pour que je constate que ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Avec le recul, je me rends compte que j’ai appris à tempérer ces bonheurs-là aussi. À mettre un filtre entre moi et ces joies qui sont trop vives. Généralement, je me ramène prestement sur terre. Ma tête chuchote ce que j’ai déjà entendu à plusieurs reprises: « du calme, t’en as plein, des livres! c’est pas comme si c’était la première fois. Arrête d’énerver le monde avec ça ».

Quelle idée, hein?

Peut-être que ce n’est pas la première fois pour l’auteure (mais la 35e!!!!!!!), mais ça reste toujours une première fois pour avec histoire-là. À chaque livre, c’est différent. On ne sait pas de quoi sa route sera faite: si elle sera longue, si elle sera belle ou parsemées d’embuches. Que mon roman se vende ou non; qu’il plaise ou non, je ne peux plus rien y changer. La suite n’est plus de mon ressors. Mais la joie, elle, je peux en profiter. Pourquoi est-ce que je m’en prive?

Depuis le temps, j’ai compris que les trois choses que je préfère dans le travail d’auteur, c’est:

  • l’écriture (la création du monde, des personnages et l’obsession qui m’habite en permanence durant la rédaction du roman)
  • la fabrication de l’objet (oui, j’aime les révisions éditoriales, mais aussi le choix de la couverture, du titre, de la mise en page de l’histoire)
  • les salons du livre (l’ambiance, les gens, les sourires, voir que mes personnages existent pour d’autres, etc.)

Cette année, je suis choyée. Avant l’été, j’aurai 4 nouveaux romans dans ma bibliothèque, et ils sont tous très différents: un jeunesse fantastique (Liz élue divine), une romance historique (Au-delà des convenances), une romance fantastique (L’empreinte du loup) et un roman sentimental (La vie est non remboursable). En prime, j’aurai la chance de faire le salon du livre de Québec et, fort probablement, celui de Montréal, cet automne.

Ça, c’est du bonheur. Du vrai. Et pour une fois, j’ai envie d’en profiter!

Oui, 2022 est intense. Promis, je vais me calmer. Et même si je ne vous saoule pas souvent avec mon bonheur juste au cas où ça n’irait pas pour quelques raisons que ce soit, permettez-moi de faire une exception d’ici l’arrivé du soleil. Les temps sont trop moroses pour ne pas savourer chaque miette de bonheur qui passe! Vous n’êtes pas d’accord?